L’angoisse de voir les années défiler trop vite, la peur de ne pas assez profiter, observer les premiers changements physiques et dire au revoir à l’insouciance de la jeunesse. Tout ceci traduit la peur de vieillir, et c’est sûrement ton cas. Lors d’un voyage, une femme thaïlandaise m’a montré (bien avant l’heure) l’importance d’assumer son âge. Cette rencontre questionne sur l’impact de notre culture quant à la perception qu’on a de nous-même et de l’idéal de beauté. Ces derniers jouent un grand rôle dans la peur de vieillir.

J’adore vous parler des rencontres pas si anodines que je fais en voyage. Ce sont des moments banals de la vie quotidienne, mais qui nous apprennent beaucoup. La dernière fois, il s’agissait d’une rencontre avec un SDF thaïlandais, qui sans le vouloir, a donner une grosse leçon de modestie. Et aujourd’hui, je vous partage l’histoire d’une autre rencontre pour vous questionner et changer votre perception de la vieillesse.

C’était lors de mon année d’échange étudiant en Thaïlande, je me baladais avec quelques copines internationales dans un centre commercial à Ubon Ratchatani. Nous flânions sans plus, afin de faire passer le temps. Jusqu’à ce qu’une dame nous interpelle pour discuter avec nous. – Les Thaïlandais sont parfois très curieux et content de pouvoir parler avec des étrangers. – Nous échangions donc des banalités à propos de notre venue dans cette ville du Nord-Ouest Thaïlandais. Elle nous a également expliqué travailler au gouvernement. (J’avoue que ce détail vient tout juste de me revenir en tête en écrivant l’article, c’est donc assez flou.) Il me semble qu’elle avait un poste de diplomate assez important. Elle nous avait même montré sa carte ! …Enfin, ceci n’est qu’anecdotique…

Arrive ensuite le moment fatidique où elle nous demande de deviner son âge. Et on le sait, les questions sur l’âge sont parfois délicates, surtout chez une femme !

Peur de vieillir : une affaire culturelle ?

Avec mon œil de lynx et mon sens inné pour la physionomie, je lui donnais entre 30 et 35 ans. Mes copines ont osé aller au-delà en lui estimant 10 ans de plus. C’est-à-dire entre 40 et 45 ans.

Pour notre défense, les femmes thaïlandaises paraissent souvent plus jeunes grâce à leurs traits tirés et l’absence de ride. Je pense également que leurs esquives face aux longues expositions au soleil aident grandement à préserver la peau des marques de vieillesse.

Elle nous lance alors un regard qui relevé du mécontentement et exprimait une certaine déception au vu de nos estimations. J’ai estimé quasiment 30 ans de moins ! Nous étions encore plus gênées de s’être trompées sur son âge en voyant sa réaction.

La leçon tirée de cette rencontre se situe au niveau de sa réaction. En occident, la plupart des femmes seraient ravies, au moins au fond d’elle, d’une estimation si lointaine de la réalité, tandis que cette dame était profondément atterrée. 

Même si la jeunesse représente l’idéal de beauté dans les pubs et les médias en Thaïlande comme en occident, il semblerait tout de même que la sagesse de l’âge prime sur la jeunesse dans la culture thaïlandaise. C’est en tout cas l’impression que m’a donnée cette femme effarée. 

Elle devait accorder plus de valeur à la sagesse permise par l’âge que la fraîcheur et la beauté de la jeunesse. Cette explication semble plausible puisque le respect des aînées est un phénomène social fortement ancré en Asie de l’Est. En Corée par exemple, il est vertueux de respecter les vielles personnes, ils tendent d’ailleurs à les consulter plus souvent et à suivre d’avantage leurs directives que ne le font les américains par exemple*. Finalement, les normes et valeurs de la société américaine avantage les personnes âgées qui ont une bonne situation économique et qui sont encore en forme, tandis que dans la société contemporaine chinoise, les personnes âgées fragiles sont également avantagées par leurs valeurs sociétales.**

Certaines cultures asiatiques valorisent la maturité de l’âge et rendent ainsi son acceptation beaucoup plus simple et probablement moins anxiogène. La peur de vieillir pourrait ainsi être influencée par l’apprentissage des valeurs et croyances apportées notre propre culture. Ces dernières peuvent heureusement évoluer, et c’est donc à nous d’apprendre à aimer les années défilées.

Sources :

*Sung, K. T. (2004). Elder respect among young adults: A cross-cultural study of Americans and Koreans. Journal of Aging Studies18(2), 215-230. https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0890406504000039
**Streib, G. F. (1987). Old age in sociocultural context: China and the United States. Journal of Aging Studies1(2), 95-112. https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/0890406587900016

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