Des rencontres banales du quotidien peuvent nous changer tout le cours de la journée ou de la vie. Parfois, les rencontres inattendues, même uniquement pour quelques minutes, peuvent nous marquer. C’est celle que je veux vous raconter: la rencontre en Thaïlande qui apprend la modestie.

Je voyageais avec ma mère et ma sœur alors que ça faisait plusieurs mois que je ne les avais pas vues. Elles sont venues me rendre visite en Thaïlande alors que j’y habitais pour un an. On en a donc profité pour voyager !

Nous avons commencé le périple par la fameuse ville de Bangkok. Je n’avais jamais été vraiment habituée aux grandes villes, donc 5 jours et nous sentions déjà la fatigue arriver! Nous avions fait un ‘day trip’ à Ayutthaya avant de filer en direction de Chiang Maï.

C’est à Chiang Maï précisément que j’ai fait cette superbe, mais assez anodine, rencontre en Thaïlande. Elle n’a duré que quelques instants, mais une fusion s’est produit dans ma tête. Le temps était comme au ralenti quand j’ai réalisé la bonté, la sincérité et l’honnêteté de ce bonhomme.

– Ouai, je suis un peu extrême dans mes descriptions des fois –

Nous nous dirigions en direction d’un marché nocturne de la ville. Il y avait des savons parfumés d’une divine odeur, des bijoux, du travail artisanal… Il y avait même un petit groupe de musique qui s’était posé au milieu du marché. Je me souviens qu’ils jouaient notamment du didgeridoo, un instrument qui me fascine. On a dansé sur les rythmes rapides qu’ils produisaient. Nous sommes d’ailleurs reparties avec l’un de leur album ! Finalement, c’est sur le chemin du retour que j’ai fait la fameuse rencontre : le souvenir de cette rencontre en Thaïlande qui me dépose une délicate calotte pour me rappeler la simplicité et la modestie.

une rencontre en thaïlande - didgeridoo on street - inhaletravel

Ce bonhomme était assis par terre dans une rue où il y avait seulement un peu de passage, dans la pénombre. C’était non loin du marché, mais loin du bruit et de la foule. Il vendait des petits bracelets sans prétentions qu’il fabriquait lui-même. Ils étaient fait de file en plastique torsadé dont les nœuds était très simple. Je ne connais rien de ce monsieur, nous n’avons pas vraiment pris le temps de discuter, mais il m’a assez interpellée pour que je m’arrête, intéressée.

J’imagine qu’il vivait dans la rue et essayait de gagner sa vie en se débrouillant. C’était déjà assez admirable de voir qu’il essayait de vendre des petites créations pour gagner quelques sous. J’ai donc voulu lui en prendre. Ils les vendaient à un prix juste, du fait de la pauvreté du matériel et de la facilité de création. Un prix juste, mais tellement dérisoire, même pour la valeur de la devise thaïlandaise (le baht). J’ai donc voulu lui en acheter quelques-uns tout en lui donnant plus d’argent que nécessaire.

Au vu de la somme que je lui tends, il me redonne plus de bracelets que je lui avais initialement demandé. Il ne voulait pas accepter que je lui donne plus d’argent que ce que son travail valait. J’ai un peu insisté, pensant qu’il n’avait pas compris mon intention. Celui-ci continuait à me donner le nombre de bracelets correspondant à la somme tendus. Mon souvenir n’est plus exact, cela date d’il y a quelques années déjà. Peut-être m’avait-il même retourné l’argent en trop. Il gardait un grand sourire avec beaucoup de sincérité dans les yeux. Il me remerciait en même temps pour l’achat que j’avais effectué.

Ce qu’il y a à retenir de cette rencontre en Thaïlande:

  • Tout d’abord, c’est moi qui me suis trouvé un peu bête, les yeux écarquillés. En effet, j’avais déjà vu des personnes modestes avant lui, mais ce bonhomme dégagé quelque chose d’encore plus fort. Il avait une humilité qui transperçait. Je ne m’attendais à aucune réaction particulière, mais dans la probabilité des comportements possibles, celui-là ne m’aurait jamais traversé l’esprit. J’apprenais naïvement quelques choses de ce monsieur.
  • Avec le recul, je me dis que c’était assez prétentieux de ma part de vouloir lui donner plus que ce qu’il me demandait. Tant que la personne ne demande rien de plus, pourquoi devrions nous vouloir donner plus d’argent pensant l’aider ? Le geste est bon, mais pas nécessaire s’il n’est pas demandé. J’arrivais avec mon plus grand pouvoir d’achat et voyais la possibilité de l’aider de cette manière alors qu’il n’avait rien demandé.

Ce point se rapproche quelque peu du « White Savior » (le sauveur blanc). C’est en fait la tendance des occidentaux à vouloir « sauver, aider le monde ». Ils veulent intervenir à l’étranger, face à la pauvreté par exemple, là où on ne leur à finalement rien demandaient. La plupart du temps s’est fait de façon naïve et bien intentionnée, mais en réfléchissant plus loin que son nombril, cette aide est parfois contre-productive. Si ce point vous intéresse, je pourrai tenter d’écrire un article sur le sujet.

Dans les tous cas, il est bon d’être au courant de ce phénomène pour pouvoir agir de façon plus adéquate !

  • Finalement, parlons de l’extrême humilité de ce monsieur. Celle-ci me marque encore et m’inspire pour rester humble. Cette personne dégageait quelque chose de très beau, simple et authentique.

En effet, il évaluait les efforts de son travail avec une certaine valeur et n’acceptait pas plus. Il a fait plus fort que me rendre mon argent, il m’a tout simplement et modestement donnait le nombre de bracelets correspondant au montant donné. Je dirais même qu’il ne lui est pas venu à l’idée de prendre l’argent de quelqu’un d’autres. 

éléphant Thaïlande - inhaletravel
Photo by Deanna DeShea

Un parallèle avec l’indien mendiant:

La réaction de ce monsieur très humble est due à son éducation, et ses expériences. Je me demande si ce n’est pas dû également à sa culture bouddhiste. Les différences culturelles expliquent beaucoup de comportements différents dans le monde.

Cette anecdote de voyage me fait écho avec le passage d’un de mes livres favoris : Flash ou le grand voyage, alias « la bible de mon père ». Je vous fais d’ailleurs une revue de ce roman autobiographique. (article à venir bientôt).

Le passage du bouquin racontait ce que Charles, l’auteur et personnage principal, voyait et vivait lors de son arrivée en Inde. C’était encore bien différent de tous les autres pays qu’il avait traversé depuis la France. Il expliquait notamment des différences culturelles, mais aussi des comportements qui peuvent choquer les étrangers, notamment à son époque. 

Les descriptions nous emportent et nous choquent au passage. C’est la première fois que je reste littéralement la bouche-bée, voir abasourdie par certains passages du livre.

Dans l’un de ces passages, il expliquait que les Indiens pouvaient paraître très impolis et rudes, mais ce n’est en fait que des incompréhensions culturelles. Un Indien qui mendie dans la rue, si vous lui donniez de l’argent, il ne vous remerciez même pas. Il pensera même que c’est à vous de le remercier. Et ce n’est non pas parce qu’il ne vous considère pas. C’était plutôt car lui, étant dans le besoin, vous donne l’opportunité de faire la bonne action en l’aidant. Finalement, le remerciement est utilisé non pas lorsqu’on reçoit, mais lorsqu’on se voit donner l’opportunité d’une action, ici l’aide.

(Je ne pourrais pas assurer la véracité de ce fait n’ayant jamais visité et vécu en Inde, je ne reprends que les propos écrit dans le livre).

C’est bouleversant comment, selon les cultures, la perception des choses est bien différente. Cela vous apprend beaucoup sur votre propre culture et vous permet de prendre assez de recul sur ce que vous expérimentez de façon générale. Une rencontre en Thaïlande, ou ailleurs, banale ou non peut nous apprendre bien plus qu’elle ne parait.

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