S’intégrer dans une nouvelle culture peut être une tache difficile, s’intégrer dans une famille aussi, alors s’intégrer dans une famille d’une autre culture avec une autre religion demande un énorme effort d’adaptation. C’était mon expérience lorsque je suis parti vivre en Thaïlande pendant 1 an en tant qu’étudiante d’échange.
Je vais donc vous partager un aperçu de ce que c’est que de vivre en Thaïlande dans une famille bouddhiste, et plus généralement issue de la culture thaïlandaise.
Les différentes coutumes:
Tout est différent dans leur culture, si vous cherchez le dépaysement, vous allez être servis. Leurs pratiques au quotidien sont différentes tout comme leurs coutumes et fêtes. Même leur calendrier est différent. Ils suivent le calendrier bouddhiste qui est bien plus vieux que le calendrier chrétiens, celui qu’on utilise sur la majeur parti de la terre. Tout comme notre alphabet. S’ils ont leur propre alphabet et calendrier, ils connaissent et suivent un minimum l’alphabet et le calendrier occidental.
Qui dit calendrier différent, dit fête et jours fériés différents. Ils n’ont aucun jour férié ou fête en commun avec celle qu’on connaît du calendrier chrétiens catholique, de France notamment. Il ne fête donc pas Noël. Les élèves ont d’ailleurs école ce jour-là, ce qui me donne un sentiment de claire étrangeté ! Ça tombe bien, c’est ce que je cherchais en partant vivre en Thaïlande.
Ceci dit, les Thaïlandais sont très compréhensibles et savent que vous n’êtes pas forcément de la même confession ni de la même culture. Les familles, même bouddhistes, nous laisse nous réunir entre amis et avoir ce jour de fête si cher pour beaucoup.
Les moments déstabilisants lorsqu’on part vivre en Thaïlande et s’installer dans une famille bouddhiste:
Comme je vous l’ai dit, les fêtes dans le pays du sourire sont très différentes des nôtres, en Europe notamment. Ils sont très attachés à leurs coutumes et religions, c’est donc souvent que les familles font des offrandes à Bouddha ou qu’elles se rendent au temple pour aller prier. Vous y êtes bien entendu convié !
C’est souvent qu’ils s’accroupissent en prière devant Bouddha. Lorsque vous êtes le seul « farang » (« étranger » en thaï) à ne pas comprendre ce qu’il se passe et que vous les suivaient pour la première fois, vous vous sentez sûrement poussez à le faire aussi. Vous ne voulez pas vous montrer irrespectueux ou être vu comme un pur intrus. Ça s’appelle l’influence normative, mes félicitations, vous êtes un être humain avec une psychologie normalement constitué. (Quoi que, ce n’est pas parce que vous ne le fait pas que vous êtes anormal.)
C’est donc avec ces premières expériences dans les temples que j’ai vécu mes premiers malaises. Premièrement, je n’étais pas sur d’où j’allais, puisque je ne comprenais pas la langue. Deuxièmement, je comprenais en observant les autres qu’ils fallait que je me mette en position de prière devant un dieu qui n’était, à la base, pas le mien. Je n’ai jamais été pratiquante avant ça et je n’avais jamais vraiment prié, c’était donc tout à fait nouveau et très bizarre.
…Vivre en Thaïlande: immersion en quelques lignes :
« Je me mets sur mes tibias, j’essaye de me souvenir combien de fois les autres se sont penché devant Bouddha, à quel moment ils ont baissé les mains au sol puis remis en prière au niveau du front. C’est flou, je ne me souviens plus, j’ai tellement observé autour de moi les dorures magnifiques du temple. En espérant que je ne fasse pas n’importe quoi. »
Le moment le plus déstabilisant a été pour moi de m’accroupir devant un autre être humain et me baisser 3 fois pour le saluer. Mon ego a pris un gros coup dans la tronche. En effet, c’est la manière dont on salue un moine, c’est aussi une marque de respect. Ado pseudo-rebelle à grande gueule devant les adultes, se met à s’abaisser devant les pieds de quelqu’un. Dans notre culture occidentale, ce n’est pas quelque chose qui se fait. Ce n’est aussi pas perçu de la même façon. On perçoit ceci comme de la soumission, ce n’est pas quelque chose qui se fait.
Finalement, ce geste t’apprend l’humilité, le respect et te fait découvrir de nouvelles valeurs. Même si j’aimais les enseignements bouddhistes, j’étais loin d’être préparée à toutes ces nouvelles choses en arrivant. Ensuite, on s’habitue plus ou moins.
3 anecdotes à ce sujet:
- Le salut accroupi au sol se fait aussi devant les personnes agés de la famille, lors de fête religieuse. Je pense notamment au nouvel an thaï, le « song kran », au moi d’avril.
- J’ai dû allumer des bâtons d’encens et saluer Bouddha 3 fois dès que j’avais franchis le bas de la porte, pour la première fois, dans ma troisième famille d’accueil. Dans ces moments-là, tu n’as même pas le temps de réfléchir, tu le fais de façon gênée, mais tu le fais quand même. Ça faisait pourtant déjà 7 mois que j’étais parti vivre en Thaïlande. Ce n’était pourtant pas une famille très pratiquante.
- Une Américaine très catholique qui pratiquait et croyait en son Dieu devait aussi prier devant Bouddha. Elle était étudiante d’échange, comme moi. On lui demandait comment elle se sentait par rapport à sa religion, si elle pouvait dire non ou si elle ne se sentait pas gênée, déjà que nous, nous l’étions tous. Très ouverte d’esprit, elle le faisait pour s’intégrer et pour montrer du respect. Il y avait quand même un malaise, mais cela ne représentait pas une violation envers sa foi.
Enlever ces chaussures à l’entrée
Celle-ci est bien connue, dans beaucoup de pays asiatiques, il faut enlever les chaussures de nos pieds avant de rentrer dans les maisons. Ceci est aussi le cas dans les espaces religieux tel que les temples ou les salles de classe. Il y a pleins d’autres détails de la vie en Thaïlande dont vous serez curieux de connaître. Il faut également les enlever dans certaines boutiques. En ce qui concerne les boutiques, tu t’en rends compte lorsqu’il y a déjà des chaussures à l’entrée.
Cette coutume paraît tellement anodine à côté des salutations devant les moines ou Bouddha. Pourtant, c’est très important de ne surtout pas oublier d’enlever les chaussures. C’est autrement très très mal vue, peut être même plus que d refuser poliment de s’agenouiller devant Bouddha. Je n’ai pas essayé cette dernière, mais je suis marquée par le fait qu’il ne faut pas oublier de se déchausser. J’ai en effet, une fois oublié, dans la précipitation, d’enlever mes chaussures sur 3 mètres après l’entrée. C’était pourtant dans l’immense couloir avant d’atteindre la maison. Les réactions étaient vives « Mali, tes chaussures!! » Ma famille s’était exclamée d’affolement et presque d’inquiétude, sans pour autant m’incriminer, pour les chaussures que j’avais encore aux pieds. Je me suis donc arrêtée subitement dans ma course, pliée d’excuses et ai vite enlevé mes chaussures. C’était un petit incident, mais tout de même marquant.
Il y a d’ailleurs d’autres choses qu’il faut éviter de faire en Thaïlande, pour votre intégration et pour le bien du pays. Il vaut mieux les connaître.
Une hospitalité sans non, de la nourriture et du partage
Les Thaïlandais t’accueillent à bras ouverts, comme si vous aviez toujours fait parti de la famille. Je tiens quand même à souligner que les familles ont donné leur accord préalable pour accueillir des étudiants étrangers, ils se sont donc mis en condition. Il ne faut donc pas généraliser cette information à 100 %. Quoi que j’ai rarement rencontré des personnes aussi accueillante prêt à partager autant avec des étrangers.
L’invitation à manger.
Manger, dans la culture thaïlandaise, est quelque chose d’important qui se fait à tout moment de la journée et à toutes les occasions. En effet, la nourriture est omniprésente : avec tous les vendeurs ambulants, les marchés nocturnes et les restaurants. C’est souvent qu’ils vont dehors pour manger en famille ou avec des amis.
La nourriture est aussi un signe de fête. Leurs soirées sont très loin des nôtres occidentales. Partager un repas est l’élément principal de la fête. Peut-être que le repas sera devant un spectacle ou un concert. Je me souviens être allé dans un restaurant où il y avait un danseur pro et avec laquelle on pouvait danser! Il menait la danse et nous apprenait les pas. C’était vraiment super amusant et intimidant à la fois. C’était devant tout le monde, cependant, le bonhomme avait tellement de grâce et de détermination à nous apprendre que je finissais par adorer !
Les Thaïlandais adorent partager la nourriture. C’est d’ailleurs comme ça qu’ils fonctionnent à table. Ce n’est pas chacun son plat, chacun son assiette. En partant vivre en Thaïlande, vous allez découvrir leur art de la table. Les différentes recettes sont au milieu de la table et chacun se sert petit à petit, un peu de tout. C’est le partage à son apogée ! Il faut tout de même s’habituer. Si vous êtes gourmand, ça vous permet de goûter à beaucoup de choses en un même repas : j’ai régalé mes papilles !
Finalement, même si vous n’avez plus faim, les Thaïs n’auront jamais assez de vous partager leur culture qu’ils adorent. En fait, ils vous proposeront toujours plus de nourriture, même si vous dites non, ils insisteront. Vous finirez toujours avec plus de nourriture dans l’assiette et ça les fait sourire. On ne peut pas dire non à un cadeau.
Les similitudes universelles parmi les nombreuses différences
Malgré que tout soit différent, même en partant vivre en Thaïlande, on se rend compte des similitudes entre les humains. Il y a beau avoir des frontières, des différences culturelles et/ou religieuses, on retrouve toujours la curiosité et le partage. On est fière de sa culture et on veut la montrer, pour ça cela, on partage des repas, des histoires, des coutumes… Et on peut lire les émotions à travers les visages. L’immense sourire des Thaïlandais nous fait comprendre leur joie à nous recevoir et nous faire découvrir ce que c’est de vivre en Thaïlande.